9ème immolation, d’une nonne, à Ngaba
mardi 18 octobre 2011 par Rédaction
Une neuvième immolation cette année, pour la première fois d’une nonne, a eu lieu dans la région de Ngaba, ancienne province tibétaine de l’Amdo, où un mouvement de protestation de moines prêts à mourir gagne de l’ampleur.
Une nonne tibétaine a succombé le 17 octobre 2011 après s’être immolée par le feu à l’extérieur de son couvent près de la localité de Ngaba, dans la préfecture du même nom où ont déjà eu lieu huit des neuf immolations ou tentatives d’immolations de moines ou d’anciens moines bouddhistes depuis mars 2011. [1]
Annoncée par l’organisation Free Tibet, l’immolation a été confirmée le 18 octobre à l’AFP par des résidents de Ngaba, située au cœur d’une région à forte population tibétaine dans la province du Sichuan, aux portes de la "Région Autonome du Tibet".
"Oui, j’en ai entendu parler, cela s’est produit dans le village de Siwa" [2], a déclaré une employée d’hôtel à l’AFP. "Je n’ai pas le droit d’en parler", a indiqué un policier de ce bourg.
Tenzin Wangmo, 20 ans, est la première femme à s’immoler par le feu depuis le début, en mars, d’un mouvement de révolte dans le Sichuan contre la répression religieuse et culturelle des Tibétains, a indiqué Free Tibet dans un communiqué.
Un mouvement qui menace de s’étendre : dans cette région pourtant quadrillée par les forces de sécurité, des appels à des manifestations pour mercredi 19 octobre circulent, "dans des enveloppes que distribuent des gens dans des restaurants et des boutiques", selon Free Tibet.
Comme des jeunes moines avant elle, Tenzin Wangmo a appelé avant de mourir à la liberté religieuse pour les bouddhistes tibétains et au retour de leur chef spirituel exilé en Inde, le Dalaï Lama, selon l’organisation, dont le siège est à Londres.
Confirmant cette immolation, et ajoutant que la nonne avait marché sept ou huit minutes le corps en feu, International Campaign for Tibet (ICT), a déploré, depuis Washington, "les tentatives systématiques" de la Chine pour "saper les institutions du bouddhisme tibétain".
Selon le TCHRD (Centre Tibétain des Droits de l’Homme et de la Démocratie), Tenzin Wangmo aurait été ramené dans son monastère par ses collègues, qui auraient refusé de rendre le corps à la police. Les autorités donnaient jusqu’au soir pour leur remettre le corps de la défunte.
Le monastère de Tenzin Wangmo a été immédiatement bouclé, avec des patrouilles de police aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du monastère.
Depuis mars, cinq moines bouddhistes (en incluant Tenzin Wangmo) ont mis fin à leurs jours en s’immolant, alors que quatre autres ont survécu à une tentative d’immolation. Le mouvement a été déclenché par l’immolation dans le monastère de Kirti, à Ngaba, de Lobsang Phuntsok [3], un jeune moine, le 16 mars, pour le troisième anniversaire du début des émeutes antichinoises de 2008 à Lhassa. Ces émeutes avaient fait des dizaines de morts, gagné le plateau tibétain et entraîné une répression implacable. [4]
Depuis mars, la préfecture de Ngaba a connu de nouvelles protestations, qui menacent de prendre une ampleur très préoccupante pour Pékin.
"Il y a de plus en plus de personnes prêtes à donner leur vie pour attirer l’attention du monde sur les violations continuelles et brutales des droits des Tibétains", selon Free Tibet.
Epicentre de la contestation, le monastère de Kirti a vu le nombre de ses moines passer de 2 500 en mars à 600 en octobre, la plupart ayant été envoyés en "rééducation patriotique", affirme Free Tibet.
"Tous les moines, jeunes ou âgés, sont soumis jour et nuit à la privation
de toutes les libertés", a expliqué Kirti Rinpoché, en exil à Dharamsala, cité par l’association International Campaign for Tibet (ICT), basée à
Londres. "La religion et la culture tibétaine subissent une telle répression indicible et la désespérance a atteint un tel niveau que les gens choisissent de se suicider plutôt que de continuer à vivre", a-t-il .
Deux Tibétains blessés par balles à Khekor
Free Tibet a ajouté que deux Tibétains, Dawa et Druklo, avaient été blessés par balles par les forces de sécurité, lors d’une manifestation dimanche 16 octobre devant un commissariat de police à Khekor [5], dans la préfecture de Kardzé, dans le Sichuan également. La veille (15 oct.), sept personnes avaient été arrêtées lors d’une manifestation.
"Nous n’avons reçu aucune information sur un tel incident", a indiqué un policier de la préfecture de Kardzé interrogé par l’AFP. Pourtant, un responsable du site internet Tibet Express, basé dans le nord de l’Inde, a confirmé les tirs à l’AFP.
De son côté, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois a accusé la presse étrangère d’avoir "monté en épingle" les immolations de moines. "Le fait d’encourager de tels comportements au prix de la vie humaine est immoral", a déclaré Liu Weimin lors d’un point de presse quotidien.
Les USA demandent à la Chine de respecter les droits des Tibétains
Les Etats-Unis, "gravement préoccupés", ont réagi le 18 octobre à la vague d’immolations parmi des Tibétains en demandant à la Chine de respecter les droits de cette minorité.
"Nous demandons instamment à la Chine et à ses dirigeants de respecter les
droits des Tibétains, de s’occuper de certaines des politiques ayant créé des
tensions dans les zones tibétaines, de protéger la culture religieuse unique
et l’identité linguistique des Tibétains", a déclaré Mark Toner, le porte-parole du département d’Etat.
Le président américain, Barack Obama, avait défié en juillet les avertissements de Pékin et reçu à la Maison Blanche le Dalaï Lama, lui faisant
part de son "soutien appuyé" en faveur des Tibétains.
Sources : AFP, Free Tibet, TCHRD, Tibet Express, 17 et 18 octobre 2011.
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[1] Voir un récapitulatif des immolations dans l’article sur le poème "Deuil".
[2] Siwa est un village à quelques kilomètres au nord-ouest du monastère de Kirti.
Siwa peut être localisé en haut à gauche de la carte ci-dessous.
[3] Voir l’article "Un jeune moine s’immole par le feu à Ngaba", du 17/03/2011 et l’article "Immolations : récapitulatif, actions et réactions", du 30/10/2011.
[4] Voir l’article "Escalade de la violence au Tibet - Historique", du 14/03/2008.
[5] Khekor, ou Kegexian en chinois, est une localité à une vingtaine de km au nord-ouest de Sértar, dans la "Préfecture Autonome tibétaine de Kardzé".
Khekor peut être localisé sur cette carte sous son nom chinois Kegexiang.
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